Afin de resituer la poétesse et son oeuvre Gérard Bocholier nous a proposé quelques repères biographiques. Anne Perrier est née en 1922 à Lausanne, de mère alsacienne et de père suisse. Elle étudie à Lausanne et prend pour modèle Rilke et Eluard. Ses premiers essais d´écriture ont lieu à l'adolescence et lui apparaissent comme "une nécessité de faire ses gammes". Car pour elle "le poème se fait toujours à l'intérieur". Ainsi ses textes sont travaillés à l'intérieur puis surgissent sur la page lorsqu'ils sont prêts comme elle l'affirme dans Mise en voix: « J'ai très vite eu l'intuition qu'un poème ne pouvait être le produit d'un magma de rêves bru-meux qui tomberaient d'eux mêmes sur le papier, mais le résultat d'un véritable travail, le fruit d' une discipline qui n'est pas sans analogie avec celle qui transforme un amateur de musique en un musicien professionnel. Et j'ai donc fait mes gammes : des centaines d'alexandrins, d'octosyllabes ou de décasyllabes rimant à qui mieux mieux et que je ne confi-ais qu'à…ma corbeille à papier ! J'avais entre quatorze et seize ans. »
Passionnée de musique elle hésitera entre écriture et musique mais ce sera les mots et leur éblouissement: "la présence charnue des mots m'éblouissaient" qui l’emporteront.
Elle rencontre alors Charles Journet ( qui deviendra Cardinal et acteur éminent du Concile Vatican II, notamment au travers de la rédaction de la Constitution Gaudium et Spes) et se convertit au catholicisme. Elle collabore avec lui dans la Revue Nova et Vetera (et ce jusqu'en 1975) et rencontre par son intermédiaire Jacques Maritain. Entre 1943 et 1947 elle publie ses premiers poèmes et reçoit cette année là (1947) le prix Foloppe. Elle se marie en 1947 avec Jean Hutter directeur des éditions Payot. Elle collabore dans la revue Rencontre entre 1950 et 1953. Par ailleurs elle publie son premier livre Selon la Nuit en 1952 chez Les Amis du Livre.
Elle cherche son chemin entre art engagé et art distancié. Elle choisit la distance dans Arts Poétiques car elle a "la certitude que le poète s'engage en poésie uniquement". Pour elle toute poésie engagée est une poésie en cage. Elle cherche à "garder un nomade attentif". Elle publie chez Payot 5 recueils entre 1955 et 1988 dont Le petit prêt, Le temps est mort, Le livre d'Ophélie. Puis à partir de 1986 elle publie chez Dogana notamment son dernier recueil en 1999, L'unique Jardin.
Parallèlement à son écriture poétique on retrouve une abondante correspondance marquée par la rencontre épistolaire avec Cristobal Pavia en 1966. Celui-ci atteint d'une maladie psychiatrique se suicide en 1968. De cette rencontre épistolaire avec son "frère de cristal" naîtra Lettres Perdues, prix Rambert, en 1971: "Par les fentes de l'éternité nous parlerons encore jusqu'à ce que l'été nous recouvre de volubilis".
..... la suite arrive
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